Notes prises par Emmanuel Madan (AAMI) et Anne Bertrand (ARCA) à l’occasion de la téléconférence entre Simon Brault, du Conseil des arts du Canada et les représentants des ONSAs, en réponse à la diffusion des vidéos présentant les nouveaux programmes.
Le jeudi 4 juin, 2015
Appel en français de 10 h à 11 h 10 HNE
Thurday June 4, 2015
English language call – 11:45 – 13:00 EDT
Introduction (Carole Boucher)
On nous assure que d’autres occasions de discussions seront offertes à l’automne.
Présentation de Simon Brault
Il s’agit d’un chantier important débuté en octobre 2014 avec l’aval du CA du CAC, impliquant un repositionnement complet du Conseil avec pour objectif d’accroître la capacité et les investissements car la communauté artistique compte sur le CAC pour augmenter sa capacité financière et son impact.
Le nouveau modèle de financement n’est donc qu’un moyen pour atteindre ces objectifs à plus long terme dont :
- Plus d’appui pour la communauté artistique;
- Une meilleure compréhension de la nécessité du financement public des arts de la part des citoyens et du gouvernement.
L’annonce des programmes en capsule vidéo offre un survol du nouveau modèle.
Pour la suite, le Conseil est engagé dans le développement en détail des nouveaux programmes qui seront annoncés en novembre ou en décembre 2015, après les élections fédérales. Après cette annonce, il y aura une étape de discussion/débat sous forme de tournée avec les chefs de service pour présenter les programmes et récolter l’input de la communauté.
La période d’un an entre la fin 2015 et 2016 servira à échanger avec la communauté et à assurer une transition en douceur ainsi que la mise en place du nouveau portail du CAC pour l’inscription des profils des clients afin qu’on puisse commencer à octroyer des subventions avec le nouveau modèle dès le 1er avril 2017. La transition se déroule donc sur une période de 2 ans (de janvier 2015 à avril 2017) et représente le temps requis pour développer, partager et lancer le nouveau modèle. Ce chantier vise à diminuer l’effet de silo qui existe présentement entre les programmes divisés entre services non-communicants. Le but de l’exercice n’est donc pas d’éliminer les disciplines mais plutôt de défaire les silos. Le soutien du Conseil sera dorénavant plus stratégique. On fait d’ailleurs l’impossible pour éviter de pénaliser qui que ce soit, en mappant les programmes existants au nouveau modèle. On cherche aussi à harmoniser la grande diversité des programmes qui existent dans les différents services selon les pratiques identifiées comme étant les plus avantageuses. Le but est donc de simplifier les programmes en conservant ce qui fonctionne le mieux. Bref, on cherche à positionner le CAC pour que le financement public des arts soit valorisé et soutenu largement.
Les questions:
Quel sera le role des ONSAs?
Les ONSAs continueront de jouer un rôle important et se retrouveront peut-être dans le programme dévoué au renouvellement de la pratique du fait qu’ils contribuent au soutien des secteurs et à l’évolution des pratiques. Le Conseil est aussi intéressé de voir comment les ONSAs évolueront dans les prochains 10 ans. Une réponse plus précise suivra suite au mapping des programmes.
Des fonds seront-ils migrés vers les organismes, au détriment des artistes?
On ne prévoit aucun mouvement de fonds et le mapping sert à conserver les montants dans les programmes et auprès des artistes. Aucun montant ne sera transféré des artistes vers les organismes, non plus depuis les petits organismes vers les plus gros, ni d’une discipline à l’autre. Les augmentations éventuelles seront distribuées selon les besoins des programmes et des développements artistiques. On prévoit donc :
- finir le design;
- simplifier les processus;
- gérer la transition incluant le mapping des programmes et récipiendaires, l’accompagnement des clients dans la phase d’adaptation, la formation du personnel, préparer les TICs, etc.
Considérez-vous des concours anonymes pour les subventions aux artistes?
Nous n’avons jamais considéré une telle approche mais l’idée est intrigante!
Plusieurs organismes existent depuis plusieurs années et ne reçoivent toujours pas de financement au fonctionnement. Si le CAC devait être augmenté, est-ce que ces organismes seraient priorisés plutôt que les nouvelles initiatives?
On ne peut continuer de rajouter des nouveaux organismes et de nouveaux programmes pour accommoder la communauté. Nous devons développer de nouveaux moyens qui permettront de répondre aux défis des nouvelles pratiques plutôt que de toujours rajouter des « couches » supplémentaires.
Les nouvelles structures auront-elles accès au financement?
Le modèle de rajout d’organisme et de croissance à l’infini tire à sa fin. Nous espérons que de nouveaux types d’organisations permettront l’émergence de nouvelles configurations artistiques. Les exigences relatives à la gouvernance dans le programme no 1 seront moins rigides, permettant le renouveau des modèles organisationnels, car nous voulons éviter de perpétuer le modèle de gouvernance dominant des dernières décennies.
Les montants maximums de subventions seront-ils révisés?
On examine tout en ce moment dont quelques normes qui seraient communes à l’ensemble des programmes. Les solutions que nous considérons conviendront à 80% des situations; pour les 20% résiduel, nous cherchons des solutions qui pourront répondre à ces cas. Nous devons demeurer souples et éviter de développer l’avenir au détriment du présent.
Qu’en est-il du pluriannuel? Des échéances?
Nous ferons des annonces très claires pour que personne ne rate les dates de dépôt. Les subventions pluriannuelles qui tombent juste avant l’entrée en vigueur des nouveaux programmes seront planifiées et les changements clairement annoncés. Nous prévoyons du financement pluriannuel tout en cherchant des solutions qui ne pénalisent pas les clients actuels, mais qui pourront aussi accueillir de nouveaux clients. Ceci sera clarifié d’ici novembre 2015.
Comment mesure-t-on l’engagement dans le nouveau modèle?
Dans le programme no 2, les objectifs, les attentes et les critères d’évaluation seront beaucoup plus clairs. Les objectifs d’engagement seront les mêmes pour l’ensemble des programmes.
Des six nouveaux programmes, deux sont dévoués à la diffusion, à la fois nationale et internationale.
Cette décision reflète la situation actuelle comme quoi plusieurs programmes portent sur la diffusion même si cette activité est aussi soutenue par le Patrimoine Canadien. Les programmes au CAC n’auront pas les mêmes critères d’évaluation que ceux employés au PCH pour évaluer les festivals, et ainsi de suite. Rayonner au Canada vise à promouvoir l’engagement des Canadiens alors que Rayonner à l’étranger portera davantage sur le développement des marchés.
Bien qu’excités par le programme international, les disciplines qui ne sont pas des arts de la scène rayonnent plutôt en termes d’échanges, de résidences, de partenariats et de collaborations. Est-ce que ce programme pourra accommoder ces formes ?
Oui. Le but est de refléter ce qui se fait déjà à l’international. Je peux vous assurer que vous serez bien servis quand vous verrez les détails de ce programme qui ne sera pas spécifique aux arts de la scène.
Comment le nouveau modèle sera-t-il avantageux non seulement pour le CAC mais aussi pour la communauté artistique?
Un des changements importants sera de ne plus avoir à formaliser les collectifs pour avoir accès au financement. Aussi, il y aura plus de clarté quant aux attentes pour les organismes du programme « enraciner et partager » où il y aura moins de clients que dans le programme no 1 qui offrira aussi plus de clarté quant aux attentes, mais aussi plus d’opportunités.
Pourra-t-on déposer une demande dans plus d’un programme?
Oui, si les activités de l’organisme, de l’artiste, recoupent plus d’une activité.
Les programmes sont non-disciplinaires; qu’en sera-t-il des comités d’évaluation?
Nous ne créons pas des programmes multidisciplinaires. Ce sont des programmes non-disciplinaires. Nous comptons aussi introduire un autre niveau d’expertise dans les comités pour voir à ce que les objectifs des six programmes soient aussi évalués.
Ce niveau d’évaluation supplémentaire fera en sorte que les comités ne seront plus décisionnels?
Présentement, c’est le CA du CAC qui a le dernier mot. Et, déjà, les bourses de déplacement sont évaluées par le personnel. Il existe déjà différentes expertises dans le processus d’évaluation dont le mérite artistique mais aussi l’application des critères d’admissibilité. À titre d’exemple, le nouveau modèle compte être plus stratégique quant au développement international. Présentement, il existe 27 programmes qui portent sur le Canada à l’étranger. Quelle est l’évolution de la pratique artistique dans le contexte des objectifs visés par chaque programme? Ce sera bien utile de formaliser cette expertise pour le milieu ainsi que pour le Conseil.
Est-ce vrai que les comités ne se réuniront plus en personnes?
Je ne sais pas d’où émerge cette rumeur. Nous sommes un des rares conseils qui fonctionne avec un système de jury de pairs intégral, car ailleurs, ce mode tend à disparaître. Nous conservons les rencontres en personne, mais il se peut que nous fonctionnions avec un nouveau modèle d’évaluation. Nous ne cherchons pas à affaiblir le système mais bien plutôt à le consolider. [note : aucun détail au sujet de ce nouveau modèle d’évaluation]
Vise-t-on la parité entre les disciplines?
C’est très difficile présentement d’évaluer la parité entre les disciplines. Le nouveau modèle devrait faciliter l’analyse et la reddition de compte entre les grands programmes.
Est-ce que les programmes auront des enveloppes comparables?
Non, les programmes auront des budgets et nombre de clients variables et même très différents, établis en fonction des investissements et des compositions démographiques, et ainsi de suite.
Sans enveloppes disciplinaires, est-ce que les fonds suivront simplement la demande?
Nous ne croyons pas que ce soit la meilleure façon de fonctionner même si c’est comme ça au CALQ. C’est trop simpliste. Les fonds suivront l’évolution des demandes mais aussi l’analyse des tendances. La distribution actuelle des fonds est arbitraire et ne résulte d’aucune analyse ou principe rationnel mais plutôt d’une accumulation de décisions prises au fil des ans. Ce n’est qu’historique. Nous voulons nous libérer de ce fardeau. La distribution actuelle des budgets servira de point de départ mais pourra évoluer autrement. [note : aucun détail à ce sujet…]
Tous ne seront pas à l’aise avec les demandes en ligne…
On veut améliorer l’expérience Web du CAC mais ce n’est pas le focus de la réforme. Plutôt, nous développons un portail qui sera le point d’accès au Conseil. Un des objectifs est de distinguer entre les programmes et les critères d’admissibilité pour chaque programme. Au lieu de vérifier l’admissibilité au cas par cas, elle sera déterminée selon le profil des candidats.
L’annonce d’un programme pour les autochtones est excellente, or qu’en est-il des minorités linguistiques? Et des fonds qui font l’objet d’ententes spécifiques du PCH?
Il y aura continuité tant que les ententes seront en vigueur.
Aucune mention de la question d’équité dans les nouveaux programmes…
On est d’avis que la question de l’équité fait désormais partie de l’ADN de chaque programme mais nous resterons vigilants quant à l’équité dans le nouveau modèle.
Les artistes des communautés culturelles aimeraient être soutenus aussi pour leurs pratiques traditionnelles…
La seule référence aux formes traditionnelles existe dans le programme dévoué aux autochtones. La diversité culturelle ne sera pas considérée de façon distincte et sera intégrée aux programmes. On sera plus attentif à la diversité des publics et à la spécificité des pratiques autochtones.
Qu’est-ce qui arrivera au Bureau Inter-arts?
Il sera intégré aux autres programmes. Les pratiques post-disciplinaires constituent une tendance importante qui sera suivie de près. Ce secteur a fait bcp de revendications pour un meilleur soutien.
La simplification des demandes permettra-t-elle de présenter les projets et les organismes de façon adéquate?
Nous comptons introduire des modèles logiques qui permettront une collecte d’info standardisée et simplifiée, car nous sommes souvent contraints à défendre notre travail avec de l’anecdote. Nous manquons de données et d’argumentaires. C’est pareil pour les rapports qui seront brefs mais plus efficaces pour la collecte de données et pour mesurer les résultats. Nous mettons en place des moyens pour l’avenir. L’excellence demeure la condition sine qua non du CAC mais il y a plus que l’excellence!
Et l’équité régionale?
C’est une préoccupation majeure car il s’agit de veiller à une distribution plus équitable de l’activité, et ce, partout au pays. C’est difficile de réaliser des progrès sans pénaliser ce qui existe déjà et sans fonds additionnels.
Quel est l’ampleur du programme « Renouveler la pratique artistique » comparé au programme « Leadership pour le changement »?
Il sera plus important. Les programmes seront tous importants (par exemple, le programme rayonner à l’international aura une enveloppe de 10M$) – on espère que le programme « Renouveler la pratique » jouera un rôle important car il existe plusieurs défis quant aux développements des pratiques.
Les subventions qui sont issues de fondations et de prix?
Ces prix restent inchangés. Même que nous avons l’intention d’encourager la création de nouveaux prix avec des dons significatifs. Nous ne cherchons pas à travailler contre le secteur car ce serait emprunter un chemin voué à l’échec.
Si on comprend bien, il s’agit d’une stratégie pour augmenter le budget du Conseil – est-ce bien ça?
Nous ne pouvons pas savoir à ce stade-ci quel sera l’impact du nouveau modèle. Nous étions contents que le sujet du financement public des arts soit à la une de Twitter hier; c’est rare d’être sur le radar de la sorte. Nous attirons l’attention du gouvernement et des publics; ce qui est essentiel pour l’avenir. Nous devons nous assurer que le gouvernement ait confiance en nos activités. C’est ce que vise l’exercice en cours.
Qu’en est-il de la relation art/affaires?
Oui, beaucoup de place sera accordée à l’évolution de cette relation; voir notre campagne “nous croyons que l’art compte”. Nous avons besoin d’être validés par d’autres voix… au-delà de nos usagers – aussi importants soient-ils – et engager les publics.
Votre modèle s’inspire de modèles en place ailleurs; quelles sont les meilleures pratiques d’après vous?
Les conseils sont en mutation partout dans le monde et ceux qui sont campés dans des positions nostalgiques sont les plus touchés. Les gouvernements détiennent le pouvoir de décider des montants de financement, des membres de CA et des DG. En réalité, il n’existe présentement aucun bon modèle; ce qu’on constate c’est plutôt les conséquences d’une absence de leadership et d’audace. Il faut créer notre propre modèle qui reflète nos connaissances, circonstances et communautés. Nous sommes même exemplaires car nous sommes proactifs et notre timing est bon. Nous verrons avec le temps mais nous sommes confiants que la transition profitera à notre milieu.
En résumé, les points essentiels à communiquer à nos membres?
- Rassurer les membres que, dans la transition, personne ne sera coupé, ni oublié; Le conseil maintient son engagement auprès des organismes et conserve l’évaluation par les comités de pairs. On entend mieux utiliser le processus d’évaluation par les pairs afin d’en protéger le principe plutôt que de le fragiliser.
- Nous avons assez de temps pour assurer une bonne transition vers le nouveau modèle et nous diffuserons les détails lentement afin de s’assurer que nous couvrons tous les angles de ce que nous faisons déjà et ce que nous voulons faire dans le futur. Dévoiler les détails trop tôt serait déroutant et porterait à confusion. On aura du temps pour en débattre après le dévoilement prévu fin 2015 et une année complète de transition pour former le personnel, préparer notre portail et accompagner les clients dans la transition.
- Tout ce que nous faisons vise la consolidation de la position du Conseil en tant qu’instance majeure de subvention à l’échelle nationale. Un appui solide pour les arts est essentiel pour le secteur des arts ainsi que pour l’avenir du Canada.
Conclusion
Nous aurons plusieurs occasions pour discuter et débattre du nouveau modèle. N’hésitez pas à nous faire parvenir vos commentaires et continuer d’échanger avec vos chefs de service. Nous voulons vous rassurer et entendre votre voix. Vous pouvez aussi vous exprimer et poser des questions sur le blogue du CAC.
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