Transformations au Conseil des arts du Canada : L’ARCA soulève des questions

COMMUNIQUÉ

Montréal, le 29 janvier 2015 – Le 20 janvier dernier, lors de son assemblée publique annuelle, le Conseil des Arts du Canada (CAC) a annoncé des changements majeurs au programme actuel de subventions prévus pour 2017. Le CAC envisage notamment de réduire de 142 à 10 le nombre de programmes de subvention qu’il administre.

Le Conseil des Arts du Canada est généralement perçu comme étant un organisme solide qui, depuis de nombreuses années, fait preuve de leadership dans sa façon de soutenir le milieu, c’est-à-dire équitablement, efficacement et en temps opportun. Par conséquent, les changements proposés ont pris le milieu des arts visuels par surprise. Que motive donc l’ampleur de cette restructuration et pourquoi les parties concernées n’ont-elles pas été consultées à ce sujet?

Pour le moment, l’annonce fait référence à « une nouvelle série de programmes nationaux déterminés en fonction de l’ensemble des diverses disciplines artistiques et non de chacune », mais reste silencieuse quant à la nature de ces programmes. Comment le Conseil des Arts du Canada envisage-t-il une réduction aussi considérable du nombre de programmes sans sérieusement compromettre la qualité et les exigences de l’évaluation objective par les pairs qui est au cœur de l’organisme depuis des décennies? Le CAC prétend que ces 10 programmes respecteront les principes de l’évaluation par les pairs sans toutefois préciser qui constituera un pair dans le cas des comités d’évaluation. Il s’agit là d’un sujet d’inquiétude et de réflexion pour ceux qui dépendent des évaluations faites par des professionnels provenant de leur discipline et de leur milieu. Actuellement, les agents de programme du CAC composent leurs comités en tenant compte des éléments suivants : pratique artistique, spécialisation professionnelle, langue, diversité culturelle, artistes et travailleurs culturels autochtones, régions géographiques et sexe. Ce processus a été soigneusement respecté depuis plus de 40 ans et sert actuellement de modèle d’attribution juste et équitable.

En arts visuels, et plus particulièrement au sein du réseau des centres d’artistes autogérés, le système de subvention, si exigeant soit-il, n’est pas perçu comme étant trop lourd ou compliqué. Certaines modifications pourraient être apportées pour gagner en souplesse, et c’est là l’un des objectifs de la consultation récente tenue auprès du milieu, dans 10 villes du pays, par le Service des arts visuels concernant les programmes d’aide au fonctionnement. Au fil des ans, le programme d’aide aux centres d’artistes autogérés a permis l’établissement, à faible coût, d’un réseau dynamique de près de 190 centres d’artistes qui offre des services adaptés aux besoins particuliers des professionnels de l’art de notre milieu. Cette restructuration majeure du financement des arts a été annoncée avant que ne soient communiqués les résultats de la consultation et malgré l’assurance que le processus d’examen allait avoir lieu progressivement. Avec si peu de détails disponibles, nous en concluons que cette annonce est précipitée et prématurée.

Actuellement, nos principales préoccupations sont les suivantes :

  • Il est surprenant que ces changements soient inspirés du modèle australien alors que celui-ci n’a pas encore été entièrement mis en œuvre et que son succès est impossible à mesurer.
  • Sans plus de détails, cette décision semble arbitraire. Pourquoi 10 programmes si nous ne savons pas desquels il s’agit et comment ils influenceront le paysage culturel?
  • L’évaluation par les pairs est un principe fondamental à conserver et à défendre, car elle assure une attribution des fonds aux artistes qui sont engagés dans leur pratique et qui contribuent à leur discipline, à leur milieu et bien au-delà.
  • Les programmes de subvention particuliers sont façonnés par les pairs et mis au point dans le but de fournir les moyens de faire prospérer une multitude d’activités culturelles. Nous souhaitons que les programmes de subvention soient suffisamment souples pour s’adapter aux nouvelles pratiques novatrices, mais nous nous méfions d’une approche unique susceptible de privilégier des formes plus populaires au détriment d’une recherche plus pointue et novatrice.
  • De façon générale, nous sommes en faveur de formulaires de demande de subvention « simplifiés », mais nous reconnaissons que les agents du CAC et le milieu des arts tentent de trouver depuis des années un équilibre entre des formulaires conviviaux et la communication de renseignements suffisants pour permettre aux jurys de faire de bonnes évaluations.

ARCA continuera à suivre les mises à jour du Conseil des Arts du Canada et à obtenir de plus amples renseignements afin de mieux informer ses membres et le milieu culturel.

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Personne ressource : Anne Bertrand info(at)arccc-cccaa.org