19 – 21 avril, 2013
Halifax, Nouvelle Écosse
La fin de semaine dernière, j’ai assisté au Atlantic Symposium: New Directions for Art Writing qui a eu lieu à NSCAD et à la Art Gallery of Nova Scotia. À part les joies attendues de ces voyages éclair, choisis pour leur résonance avec les affaires courantes à l’ARCA, ces déplacements fournissent les ingrédients nécessaires pour connecter notre réseau, en permettant d’associer des noms à des visages, des images mentales à des lieux, d’entendre des témoignages d’événements passés et d’échanger sur des projets à venir, en personne.
Le symposium organisé par Visual Arts Nova Scotia, en collaboration avec C The Visual Arts Foundation (éditeur de C Magazine)a fait cotoyé la communauté locale d’auteurs avec des auteurs des provinces de l’Atlantique et venus d’ailleurs, dont Kegan McFadden, Richard Hill, Sylvie Fortin, Leah Sandals, Gaby Moser, Amish Morrel pour relancer le questionnement au sujet des éditions en art. D’ailleurs, le symposium a été organisé en réponse à l’inquiétude d’une universitaire qui a pu constater que peu de projets de commissariat et d’éditions émanait de la région. Considérant que cette région est aussi perçue comme faisant partie des régions les moins bien financées du pays, s’agit-il d’un cas de l’oeuf ou de la poule? D’autre part, c’est ici qu’on retrouve Halifax Ink, un consortium d’éditeurs indépendants constitué de galeries universitaires et de centres d’artistes – un regroupement stratégique et affinitaire – créé pour faciliter leur participation à la New York Art Book Fair. Leah Sandals, une des panéliste invitée et rédactrice de la version en ligne de la revue Canadian Art, a produit un compte rendu détaillé et personnel de la rencontre dans ce feature article.
Je suis arrivée le vendredi et me suis rendue à la Eyelevel gallery sur la rue Gottingen où j’ai trouvé Michael McCormack en train de découvrir la devanture de leur espace pour découvrir une vitrine étroite. Face à la vitrine, il venait de découvrir une murale d’un paysage peint par Mitchell Wiebe, un artiste local. La découverte de cette peinture a soulevé beaucoup de questions intéressantes qui a fait l’objet d’une discussion animée entre moi, Michael, le nouveau propriétaire de l’immeuble et un voisin. La discussion a porté sur l’éthique, le jugement, la conservation, la propriété, l’économie, l’identité… J’ai confiance que les membres de Eyelevel prendront la meilleure décision quant à l’avenir de ce paneau décoratif.
Depuis sa fondation en 1974, Eyelevel a fait l’objet de plusieurs programmations expérimentales dont le désormais célèbre 35 Days of Non-Organized Art,qui s’est déroulé dans un espace de bureau/galerie rétro et “unplugged”, aménagé par Eryn Foster et les membres de l’époque, pour célébrer le 35e anniversaire du centre. Pour la durée de l’expérience, toutes les propositions soumises au centre ont été acceptées. La communauté locale était encouragée à organiser des événements et à activer l’espace à tous les jours, et ainsi, reconnecter avec la mission communautaire à l’origine du centre.
Le samedi soir, après le symposium, et lors d’une réception organisée à la Khyber Centre for the Arts , Eyelevel a lancé sa plus récente publication intitulée « I Participated in the World Portable Gallery Convention 2012 (and all I got was this lousy t-shirt) », produite par Michael Eddy, Michael McCormack et Elizabeth Johnson. Ce tout petit livre de 154 pages, en noir et blanc , documente les 17 projets de galeries “portables”, une exposition de micro structures autogérées « chacune ayant développé sa propre forme et son propre mode de fonctionnement », présentée en septembre 2012. Une longue liste de remerciements reconnaît l’apport de plusieurs individus dans la réalisation des projets. L’ouvrage inclut une introduction de Michael Eddy et de Michael McCormack ainsi qu’un essai produit par Eddy qui offre une contextualisation fort intelligente de la programmation dont un aperçu du climat socio-économique de Halifax (HRM), les motivations sous-jacentes au projet, et plusieurs points d’ancrage en appui à la pertinence de cette forme artistique. Sachant qu’ Eyelevel a déménagé neuf fois en 39 ans d’existence rappelle l’esprit des galeries portables malgré sa longévité. Eyelevel a un petit espace de galerie (prochaine date de soumission: le 31 octobre 2013) et un programme de résidence d’été (échéance déjà passée) pour la réalisation d’oeuvres documents à partir de leur système d’ archives tripartite, réparti entre le Dalhousie Archives and Special Collections, les archives en ligne A is for Archive , ainsi que le Inventions Library and Archives., laboratoire d’archives conservé sur les lieux.
Comme c’était ma première fois à Halifax, ce voyage était une sorte de pèlerinage à NSCAD, cette institution dont la réputation est un monument en soi, peut-être au détriment d’autres micro-événements et lieux retrouvés ailleurs en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick où on retrouve plusieurs autres foyers de création dynamiques dont Antigonish, Sackville, Moncton, Sydney, et Saint John, qui accueillera en juin la prochaine rencontre de l’ARCA, pour coincider avec les assemblées générales annuelles de l’Association atlantique des centres d’artistes autogérés (AARCA) et de l’ Association des galeries d’art des provinces de l’Atlantique (AGAPA) durant laquelle on compte à nouveau parler d’éditions indépendantes et offrir une présentation au sujet de e-artexte, le dépôt numérique pour les documents en arts visuels du Québec et du Canada.
Et, pour terminer, j’ai aussi appris que John Murchie, directeur de longue date du centre d’artistes Struts (Sackville, NB) prendra sa retraite ce printemps, et que Michael McCormack quittera Eyelevel pour retourner aux études, faire sa maîtrise. Ils méritent bien tous les deux leur propre lousy t-shirt très spécial!
Anne Bertrand, April 2013
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